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L'atelier d'écriture s'est déroulé du vendredi 8 décembre au dimanche 10 décembre à la Manufacture des Tabacs à Morlaix. Le thème choisi était la Manufacture, comme lieu, comme mémoire. Cet atelier a été animé par Joris Lacoste, Philippe Malone, Erwan Tanguy, Tanguy Viel. Vous pouvez en lire quelques extraits en cliquant sur le jour... Toutes les photographies ont été réalisées avec une webcam (ce qui explique la qualité assez médiocre du grain et de la lumière) par Lyssia Le Gall.
vendredi | liste des endroits où l'on a dormi retour
CHAMBRES de Marielle
Chez moi. Quitt� depuis des ann�es cela reste chez moi. Ma chambre. Mon lit. Chambre d'�tudiant. 9 m2. 10 personnes dans 9m2. De toutes les chambres, celles l� me reviennent � l'esprit. Les autres n'accrochent pas ma m�moire. S'il me vient un nom il n'a pas de couleur, pas d'odeur. T�moins de nuits blanches, de fins de soir�es venteuses. Les canap�s, les hotels, les �toiles. Un canap� noir avec des points blancs, en tissu, tr�s doux. Une odeur d'eau de toilette masculine tr�s sucr�e. Un canap� marron en ska�, ressorts qui g�missent sous le poids et s'enfoncent. Un hotel de passe. Lima. Un lit, une chaise, une porte qui ne ferme pas, pas de fen�tre, des voisins expressifs. Une auberge de jeunesse. Un dortoir. Dix personnes. Deux personnes.Lieux o� l'on a dormi... de Morgann
Je dormais souvent chez mes grands-parents, les parents de ma m�re. J'aimerais continuer de vivre ces moments; maintenant, s'il m'arrive de dormir chez mes grands-parents ce n'est plus comme quand je dormais chez mes grands-parents. Mon fr�re et moi avions d�chir� le couvre-lit, vieux, pas tr�s beau, sans le faire expr�s; apr�s je suis pass�e dans une autre chambre, je ne l'aimais pas, c'�tait une chambre d'adulte; je voulais continuer de dormir avec mon fr�re, dans notre grand lit moche, dans notre chambre d'enfant, moche.(...)Lieux o� l'on a dormi... d'André
Une chambre
J' �tais �colier, j' �tais en vacances. C' �tait l' hiver, le printemps ou l' �t�. Je prenais le large, quittais ma famille pour rejoindre ma marraine qui �tait aussi ma grand-m�re. Je la voulais pour moi seul...
La maison �tait une ferme ancienne. En bas, la grande cuisine et l' unique po�le � charbon. A l' �tage, trois pi�ces s�par�es par des cloisons en chataignier. Je dormais dans la "Chambre du Nord".
En d�cembre ou f�vrier, le vent r�sonnait les soirs de temp�te. Les draps �taient gel�s. Je m'y enfon�ais avec r�ticence. Le matin, j' �tais toujours surpris de me r�veiller dans la m�me position qu' au coucher. Et je restais l� � r�vasser, refusant de bouger, attendant le plus possible : Je ne voulais pas exposer mon corps � l' humidit� et au froid.Une autre Chaque �t�, mes trois fr�res et moi retrouvions pour un mois les cousins et cousines dans la maison de mon autre grand-m�re. Les journ�es �taient bien remplies et festives... Le soir, le besoin de repos nous conduisait � nous coucher tous � la m�me heure. Nous partagions, tous les quatre, une minuscule chambre encombr�e de deux grands lits. Ah ce plaisir de m'allonger en chien de fusil, de sentir le corps d'un de mes fr�res dans la m�me position que moi : Nous nous endormions heureux, fatigu�s, sans un mot.
samedi matin | description d'un lieu de la Manufacture et photographies retour
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autres photographies
Une porte grande ouverte. Sur l'obscur. La lumi�re s'efface. Une odeur de poussi�re. Des sons �touff�s. Dans le fond un amas de plaques, de rouleaux. Une �tag�re. Des outils, des morceaux d'outil, rang�s par taille, par type. Derri�re la vitre, dans une lumi�re jaune, un tas de feraille, de machines superpos�es. Elles patientent.
Une porte ferm�e. Un atelier. Des affiches d'interdit, d'humeur, d'humour. Des clous, des pots de peinture, des bidons, des casques, une pelle verte, en plastique.
Lui aussi attend. Il attend lundi.
Dehors la lumi�re, la foule, des paroles, des rires.
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Les machines semblent mortes, mais sur leurs flancs graisseux des autocollants us�s indiquent encore : "haute tension, danger". La plus imposante affiche en grand, au dessus d'un part�re compliqu� de boutons et de manettes, cette inscription redoutable : "Havanitos. L�gers". Point n'est besoin de chercher plus loin. Cette �bauche d'ordinateur au mena�ant patronyme, entr� dans la l�gende, ne laisse aucun doute sur l'identit� de ce lieu sordide : le laboratoire secret du professeur Zglonck.
Et les outils r�pugnants entass�s ici paraissent attendre, sous les toiles d'araign�es, le retour de leur g�nial et fourbe cr�ateur, l'inventeur fou de Manufactor et Cigarillator, esp�rant hideusement remettre en branle leurs c�bles et leurs tuyaux, dans le bruit des pistons et la fum�e du tabac.
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Tout y est bleu : les murs, le sol et la lumi�re qui s' en d�gage.
Sur les espaces libres entre les piliers, bleus aussi, des panneaux de deux m�tres sur deux m�tres cinquante sont tendus. Chacun d'eux est d�coup� en vingt carr�s.
Huit univers immobiles, insolites y sont repr�sent�s. Tout cel� s'animera � l' �tage.
Une jeune femme s' arr�te pour prendre des photos, num�riques, �a va de soi.
D' autres, quittant le lieu pour retrouver le port, s' apostrophent :
"Alors le monde innovant te fait moins peur que l' an dernier ?"
Un professionnel des technologies nouvelles dit � son semblable :
"Notre objectif est de rendre le monde virtuel."
Regard vers le ciel. Envie de s' �vader.
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